Les yeux dans les cieux

J’ai si souvent marché les yeux baissés
M’en voulant de ne pas mieux avancer
Ne ratant rien de ce que je pouvais laisser tomber
Recherchant sur mes pas là où j’avais dû me tromper

Il ne faudrait pas vivre au quotidien
Mais seuls les jours où à cœur ça nous tient
« S’échiner, s’écraser, pesant, éreinté, plein le dos »
Nous savons tous combien des fois la vie est un fardeau

Hé ! Le nez en l’air, nom de dieu !
Me planter les yeux dans les cieux
Profiter largement du paysage
Offrir au vent qui passe mon visage…

Rappelez-vous ce moine tibétain
À presque deux pieds du sol dans Tintin
« L’esprit sur la matière » ou, dit sans trop de gravité
L’attachement aux choses, il y a moyen de l’éviter

Et, si l’on voit la vie comme un chemin
À quoi bon tout ce bagage à la main
Qui finirait par nous faire croire qu’on est arrivé
Que tout est tellement terre à terre, y a plus rien à rêver

Hé ! Le nez en l’air, nom de dieu !
Me planter les yeux dans les cieux
Et qui sait si l’araignée sur sa toile
Ne couve pas du regard les étoiles

« Les merveilleux nuages » Baudelaire
Et Souchon qui nous chante : « Saute en l’air ! »
Ce goût du ciel partout, dans la peinture, au cinéma
Comme une envie de vivre un autrement plus grand format

Tu vois les arbres qui sont sur la terre
Comme ils aspirent à leur bouffée d’éther
Et nous, beaucoup plus bas, à peine un mètre quatre-vingt
Si sûrs d’être les rois du monde et cafouillant sans fin

Hé ! Le nez en l’air, nom de dieu !
Me planter les yeux dans les cieux
Promeneur égaré dans l’existence
Esquissant tout de même un pas de danse

J’ai si longtemps marché les yeux baissés

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Paroles : Pascal AUSSI
Musique : Olivier DELGUTTE

Maquette de travail
Olivier Delgutte : chant