La plage était en plein midi
On aurait dit le Paradis
Tant le sable était tendre
Tant le bonheur semblait acquis
Tout naturellement à qui
Venait à s’y étendre
La mer… à s’en déboussoler
Et tout ce ciel à contempler
Sans tache d’ombre aucune
Les jours heureux que nous coulions
Plus riches que tous les galions
Du fond de la lagune
Alors…
Est-ce le clapotis de l’eau
Par trop discret
Quand lui ne rêvait en secret
Pour ce tableau
Que de vagues de tous les diables
Ou est-ce ma foi qu’ici-bas
Être femme au Paradis ne va pas
Sans poser décidément de problème irrémédiable ?
Vint un jour, ce cadre gracieux
A paru tout perdre à ses yeux
De son charme sauvage
Il a rembarqué ses ballots
Et s’en est déserté l’îlot
Pour de nouveaux rivages
Combien de temps ai-je pleuré
À guetter ce que la marée
Ramenait à la grève ?
Combien de fois au point du soir
Sur les brisants ai-je pu voir
S’abîmer tous nos rêves ?
Et puis…
Un beau matin de calme plat
Je l’ai trouvé
Traînant tel un tambour crevé
Il était là
C’est à peine reconnaissable
Tant était miné par le sel
Son cou son ventre ses yeux et ses ailes
Dépouille en une semaine ensevelie sous le sable
Oiseau mort tout comme l’amour
Enfoui sous le sable des jours
D’une plage des îles
Amour mort tout comme l’oiseau
Rongé par le sel de ses eaux
Qui perlait à mes cils
Sel et sable larmes et temps
Aussi loin que la vue s’étend
Que de cœurs en dérive
Que de sillages dans l’azur
Dont le tracé n’est plus très sûr
Et de Robinson plein les rives
Paroles : Pascal AUSSI
Musique : Olivier DELGUTTE
Maquette de travail
Olivier DELGUTTE : chant