« Terre! »

Évadés de cellules
Minuscules
On a su se bouger
S’accrocher

Formation permanente
Longue, lente
Jusqu’à quitter les eaux
Le berceau

« Terre! Terre! » a crié la vigie
Découvrons ces plaines et ces monts
On n’a qu’à s’équiper de poumons
Allez, lâchons nos branchies

Je passe les détails
Les batailles
La chaîne alimentaire?
Secondaire!

Nous voici, tu permets
Au sommet
Géant aux pieds d’argile
Si fragile

« Terre! Terre! » a crié la vigie
Faudrait trouver une autre planète 
On n’a qu’à chercher sur internet
Si possible aussi jolie

Quand s’en vient la saison
Tendre et douce
Où filles et garçons
s’éclaboussent

On accoste, on arrive et il arrive
Qu’un youyou se détache de la rive
Océan Amniotique
La croisière est magique

Voguerons-nous en elles
Éternels
Non, tout est éphémère 
Et nos mères

Un beau jour, sans le dire
Se retirent
Nous laissant sur le sable
Périssables

« Terre! Terre! » a crié la vigie
Par chance quelqu’un sur le rivage
Déjà m’accueille, me dévisage
M’offre couvert et logis

Notre ancêtre amphibien
L’air de rien
Mutait tout en bullant
Dans son banc

Nous, de cuite en bouillon
Tout couillon
Est-ce un nouveau départ
Qu’on prépare?

Car on rame, on galère
La colère
À la vue de ces gens
Se noyant

D’enfants menés si tôt
En bateau
Et de plages au mois d’août
J’ai des doutes

« Terre! Terre! » a crié la vigie
C’est un peu de cette histoire entière
Qu’on peut lire dans les cimetières
Un nom, deux dates, » Ici gît … « 

Paroles et musique : Pascal AUSSI