Le coeur comme un volet qui bat

Printemps, été, automne, hiver
Le midi, le soir, un couvert
Où sont les tablées d’autrefois
Les éclats de voix

Les rires d’enfants, c’est fini
Même en saison, la colonie
Ils ont fermé le bâtiment
Ça fait un moment

Je revois ces jours frais et ronds
Et mon père au banc d’aviron
Mes genoux teintés d’arnica
Mon harmonica

Je revois, précis, son visage
L’échancrure de son corsage
Les vaguelettes de dentelle
Sa voix, que dit-elle ?

Billes de verre, papiers d’argent, dessous de moire
Des jours, on voudrait mieux revenir sur ses pas
Reflets lointains, échos perdus dans la mémoire
Des soirs, on a le cœur comme un volet qui bat

Ici, rien ne sait plus bouger
Même le ciel se tient couché
Laissant que la place aux oiseaux
De raser les eaux

Le vieux ponton gît sur le flanc
Il lui manquait un peu d’élan
Pour espérer se retirer
Avec la marée

En photo, au mur du tabac
Y a cette île au large là-bas
Couronnée d’arbres inconnus
Où dans le ciel nu

– C’est pas tout ce crachin dans l’air –
Monte un ruban de sable clair
Et sur l’eau, tout près, qui descend
Un soleil de sang

Billes de verre, papiers d’argent, dessous de moire
Des jours, on voudrait mieux revenir sur ses pas
Reflets lointains, échos perdus dans la mémoire
Des soirs, on a le cœur comme un volet qui bat

Ici, c’est le vent dans les rues
La pluie tout un mois froide et drue
La pierre grise des maisons
Les jours sans chansons

Quand une semaine est passée
Une autre vient la remplacer
Mais aucune n’a plus jamais
Ce goût que j’aimais

Les jeudis, lessive à pleins bras
Les dessins brodés sur les draps
Mon cartable et mon déjeuner
Un grand cache-nez

Je voudrais être tout jeunot
Assis dans le fond du canot
Laisser traîner dans l’eau ma main
Sans peur du demain

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Paroles et musique : Pascal AUSSI