C’est un joli nom, passerelle, à la fois le lien entre deux endroits et le lieu de commandement sur un bateau.
Le travail avec Lilly fut simple. Il était évident que c’était d’abord son livre, non pas par modestie de ma part, mais parce que c’est sa peinture qui m’en avait donné l’idée, que dis-je, l’envie ! Je pensais qu’on pouvait choisir dans ses multiples bateaux déjà peints mais Lilly a préféré refaire ceux qu’elle imaginait, en choisir angle, poids, couleur, ciel, mer.
Et puis Lilly a influencé l’écriture de certains textes. Le personnage de « Barge » au début n’était pas celui-là, il était plus jeune, plus partant, moins revenu de tout. Un détail, j’avais écrit « Plus de chien » mais Lilly sans en démordre lui voulait un chien, alors j’ai écrit « Juste un chien ».
Autre point, Robinson était au masculin mais le caractère de Lilly qui n’a pas besoin de beaucoup parler pour se faire entendre m’a incité à essayer le féminin, et j’en suis bien content, rien que « Être femme au paradis… » a autrement plus de force que l’éculé « Une femme au Paradis… »
Pareil, j’avais un doute quant à la présence de « Son cours » dans le livre, craignant que l’arrivée tardive à la mer ne place ce texte trop à part, mais Lilly, avec son petit kayakiste, suggère l’essentiel. Plus de puissant bateau mais le plus frêle des esquifs pour nous dire le fragile, le court d’une vie que la mer attend.